LOT 138

ALC BCSFA CGP FCA G7 OSA RPS TPG
1885 - 1970
Canadien

Entrance, Coldwell Bay, Lake Superior
huile sur panneau, circa 1922 - 1923
signé et au verso signé, titré et titrée sur l’étiquette de la Dominion Gallery, inscrit « Hogarth » avec le numéro d’inventaire Doris Mills #4/129 et diversement et avec une carte dessinée par l’artiste et étampé avec le cachet de la Dominion Gallery
10 1/2 x 13 3/4 po, 26.7 x 34.9 cm

Estimation : 150 000 $ - 250 000 $ CAD

Vendu pour : 193 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Dominion Gallery, Montréal
Collection privée, Ontario
Par filiation à la collection privée actuelle, Ontario

BIBLIOGRAPHIE
Doris Mills, L.S. Harris Inventory, 1936, Lake Superior Sketches, Groupe 4, catalogue no 129, emplacement indiqué comme le Studio Building


Les rives austères et exubérantes de la rive nord du lac Supérieur ont été pour Lawren Harris fructueuses en occasions pour représenter le paysage canadien de manière innovatrice et passionnante. Entrance, Coldwell Bay, Lake Superior, une huile réalisée lors d’une des premières visites de l’artiste à cet endroit, est un superbe exemple du potentiel énergisant que Harris a trouvé ici. L’œuvre rayonne d’inspiration, et ses formes assurées et audacieuses ainsi que les contrastes chromatiques appuyés demeurent frappants et frais un siècle après sa création. Elle témoigne des riches trésors que l’artiste intrépide devait découvrir au milieu des nombreuses difficultés posées par la topographie austère et sauvage du lac Supérieur, et porte en elle l’héritage important du Groupe des Sept qui a réinventé l’art du paysage au Canada.

Peint en 1922 ou 1923, ce tableau est rempli de la même vivacité de couleurs qui animait si efficacement les œuvres que Harris avait réalisées à Algoma quelques années auparavant. Ici, les jaunes cadmiums dorés et les cramoisis brillants du feuillage d’automne caduc sont saisissants d’intensité, une représentation cristalline de cet étalage annuel de beauté nordique. Pourtant, malgré les liens avec les scènes représentant le creux des forêts, on y retrouve une nouveauté, une grandeur qui caractérise l’expérience de Harris sur la rive nord du lac. L’impression d’espace épique est accentuée par la brume au loin, un phénomène atmosphérique courant dans les œuvres de Harris de cette époque qu’il utilise avec beaucoup d’efficacité pour mettre en valeur les teints vifs du premier plan et créer un contraste frappant avec l’eau bleu électrique et les gris violets sourds des falaises rocheuses de la rive opposée.

Alors que Harris émergeait de la densité paradisiaque qu’était Algoma, l’étendue de la mer intérieure a eu un effet profond sur son travail, et les voyages au lac Supérieur au début des années 1920 ont marqué un virage dans son cheminement artistique. Avant qu’il ne trouve sa voie vers les Rocheuses puis vers les royaumes de l’abstraction, l’austérité et l’immensité du lac Supérieur lui ont permis de faire une transition, de détourner son attention des attraits du monde tangible vers les espaces éthérés qui résonnent d’une plus grande signification spirituelle. La composition de cette œuvre traduit symboliquement ce changement, le premier plan étant clair et net, tandis que les rives lointaines de la baie Coldwell ont une apparence étrange et semblent et venir d’un autre royaume. Plusieurs années plus tard, Harris peindra une composition semblable à partir du même point de vue qui poursuit dans cette voie (North Shore, Lake Superior, dans la Collection McMichael d’art canadien). Dans ce dernier tableau, l’avant-plan a été réduit à une simple plate-forme où se situe le spectateur, et l’attention se concentre uniquement sur le lointain. À la lumière de ce qui précède, l’expérimentation confiante de Entrance, Coldwell Bay, Lake Superior peut être considérée comme un point de repère dans le parcours de l’artiste qui permet de suivre son évolution.

Un détail poétique, qui explique les explorations de Harris, figure au verso de cette œuvre. Sous les différentes inscriptions et étiquettes des galeries se trouve une carte de la rive nord dessinée au crayon de la main même de Harris. On y distingue les baies, les lacs et les sommets qui constituaient son « territoire » de croquis entre Marathon et Coldwell. Le chemin de fer, et vraisemblablement l’arrêt au mille 69, est indiqué, ce qui donne un rare aperçu de la logistique et des expériences que Harris et ses collègues artistes (dans ce cas, A.Y. Jackson) ont vécues il y a un siècle, en explorant ces paysages spectaculaires. Cette œuvre a été réalisée légèrement à l’est de la région représentée sur la carte dessinée à la main, en regardant vers l’ouest le long de la côte, en direction des collines d’où Harris peindra plus tard des vues de l’île Pic, qui fait aujourd’hui partie du parc provincial Neys.

L’inscription « Hogarth » au verso, également de la main de Harris, fait probablement référence à Donald M. Hogarth, un financier dans le domaine des mines et membre de l’Assemblée législative de l’Ontario, qui représentait la circonscription de Port Arthur sur la rive nord à l’époque où cette œuvre a été peinte. Les deux hommes se connaissaient probablement, puisque Hogarth possédait une résidence d’été sur la baie Kempenfelt au lac Simcoe, près du domaine Woodend de la famille Harris. Cette représentation lumineuse et puissante d’une région avec laquelle les deux hommes avaient des liens profonds a probablement été mise de côté par Harris à l’intention de Hogarth.

Nous remercions Alec Blair, directeur et chercheur principal du Lawren S. Harris Inventory Project, qui a rédigé l’essai ci-dessus.


Estimation : 150 000 $ - 250 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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