LOT 109

CAC RCA
1881 - 1942
Canadien

Evening Glow, Laurentians (Dernières lueurs)
huile sur toile, circa 1908 - 1913
signé et titré Evening Glow, Les Laurentides sur une plaque et au verso inscrit indistinctement
19 3/4 x 25 1/2 po, 50.2 x 64.8 cm

Estimation : 300 000 $ - 500 000 $ CAD

Vendu pour : 451 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
MM. P. & D. Colnaghi et Obach, Londres, 1914
Watson Art Galleries, Montréal, 1926
Harold Braff
Collection privée, Ontario
Par filiation à la collection privée actuelle, Ontario

BIBLIOGRAPHIE
A.K. Prakash, Impressionism in Canada: A Journey of Rediscovery, 2015, page 576, Evening Glow, Laurentians reproduit dans une photographie de l’exposition de la Galerie A.M. Reitlinger en 1913 (Archives du Musée des beaux-arts de Montréal, Montréal) et page 577, le verso de cette photographie, montrant un schéma de la disposition de l’exposition, esquissé à l’encre par l’artiste, titrée Dernières lueurs et indiquée comme catalogue #84

EXPOSITION
Galerie A.M. Reitlinger, Paris, Exposition Clarence A. Gagnon. Paysage d’hiver dans les montagnes des Laurentides au Canada, 27 novembre – 16 décembre 1913, catalogue #84


Dès son installation à Paris en 1904, Clarence Gagnon nourrit l’ambition de présenter une exposition personnelle dans la capitale française. Le jeune peintre de 23 ans considérait que c’était là le seul moyen de connaître véritablement un artiste. Moins d’une dizaine d’années passeront avant qu’il ne réalise son rêve. Après des participations régulières aux salons annuels des sociétés artistiques parisiennes où ses gravures et ses peintures attirent l’attention des critiques et des collectionneurs, le marchand Adrien M. Reitlinger invite le Canadien à exposer dans sa galerie du 12, de la rue Boétie.

À vrai dire, cette proposition d’un marchand d’art bien établi à Paris est une opportunité exceptionnelle. L’Exposition Clarence A. Gagnon. Paysage d’hiver dans les montagnes des Laurentides au Canada (1913) constitue assurément une première dans l’histoire du rayonnement de l’art canadien à Paris.[1] De surcroît, elle est la première et unique exposition personnelle d’envergure de la carrière du peintre, affirmant par là son désir d’être reconnu précisément comme peintre plutôt que comme graveur, ce qui était le cas avant « l’événement Reitlinger ».

Evening Glow, Laurentians compte parmi les soixante-quinze peintures et pochades de cette fameuse exposition. Il s’agit de l’une des grandes scènes hivernales qui mériteront à Gagnon des critiques enthousiastes dans les journaux parisiens. On relève notamment ses qualités d’observateur sensible et d’habile dessinateur tout en soulignant l’ordonnance de ses compositions, l’harmonie des couleurs, l’atmosphère vivifiante : « un air pur qui rafraîchit le cerveau » écrit l’un d’eux[2], « [qui] dilate les poumons, exalte le courage et les forces » renchérit-il. Nous pouvons aujourd’hui, avec Evening Glow, Laurentians, apprécier l’ambiance qui avait charmé les critiques, il y a plus d’un siècle à Paris. En effet, l’intensité des lueurs du soir que dégage cette magnifique composition n’a pas faibli, marbrant de bleu, de rose et de violacé la blancheur éclatante de la neige en une fin de journée hivernale en Charlevoix. La lumière éblouissante du jour s’accroche encore à quelques motifs enneigés comme la toiture de la grange et certaines zones pentues mais, sous peu, la surface se couvrira d’ombres bleues, annonçant le crépuscule du soir et la tombée de la nuit. Pour toutes ces qualités, Evening Glow, Laurentians constitue un magnifique témoignage de l’impressionnisme canadien.

On sait, par ailleurs, que Gagnon ne peignait pas ses tableaux de neige devant le motif. Lors de ses deux séjours à Baie-Saint-Paul, QC, entre 1908 et 1913, il fait le plein de pochades, de croquis et de photographies qui lui servent de modèles pour réaliser ses œuvres de moyens et de grands formats, une fois revenu à son atelier parisien. N’est-il pas fascinant de constater que le peintre soit parvenu à reconstituer, en plein cœur de Paris, l’atmosphère et l’air pur de son lointain pays de neige? On remarquera la spontanéité dans l’application de la matière colorée au moyen de touches vives et rapides. Et encore le procédé de réserver les dessous qui révèle la blancheur et la texture de la couche d’apprêt sur la toile, au premier plan de la composition, à droite.

À notre connaissance, l’histoire publique de Evening Glow, Laurentians se résume à cette seule présentation chez A. M. Retlinger. Sa réapparition sur le marché de l’art, un siècle après sa première et seule exposition est un événement en soi. Ajoutons que l’absence de datation et d’indice au verso du tableau lui conférait une part de mystère avant de retracer l’œuvre sur une photographie d’époque. À la suite de l’exposition, l’œuvre sera déposée, en 1914, chez le marchand londonien de Gagnon, Colnaghi and Obach, avant d’être envoyée à Montréal, aux Watson Art Galleries, qui la vendra, après 1926, à un dénommé Harold Braff. Quant à la pochade qui aurait servi de modèle à la composition, elle n’a pas encore été retrouvée.

1. Auparavant, le privilège de présenter une exposition personnelle à Paris avait été accordé à un seul artiste canadien, Blair Bruce. Il s’agit néanmoins d’un événement posthume que consacra la galerie Georges Petit, en 1907, au Canadien natif de Hamilton ON.

2. François Thiébault-Sisson, « Neiges et forêts du Canada. L’exposition Clarence Gagnon », Le Temps, Paris, 10 décembre 1913. Cité par Hélène Sicotte dans Clarence Gagnon. Dreaming the Landscape (exhibition catalogue), Québec, Montréal, Musée national des beaux-arts du Québec, Les Éditions de l’Homme, p. 115.


Estimation : 300 000 $ - 500 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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