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LOT 119

BCSFA CGP
1871 - 1945
Canadien

Kitwangak
aquarelle sur papier sur panneau, circa 1928
titré dans l’écriture de Carr et inscrit 8/16
30 x 22 1/4 po, 76.2 x 56.5 cm

Estimation : 175 000 $ - 225 000 $ CAD

Vendu pour : 200 000 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Mlle Barbara E. Spencer (C.-B.)
Galerie Claude Lafitte, Montréal
Collection privée, Toronto

BIBLIOGRAPHIE
Ira Dilworth and Lawren Harris, Emily Carr: Her Paintings and Sketches, National Gallery of Canada, 1945, a watercolour of the same title and size listed page 58
Gerta Moray, Unsettling Encounters: First Nations Imagery in the Art of Emily Carr, 2006, pages 133, 134 and 296


L’intérêt d’Emily Carr pour l’iconographie des Premières Nations s’est manifesté dès 1899, lorsqu’elle a visité Ucluelet sur l’île de Vancouver, qui faisait alors partie d’une réserve Nootka. Elle ressentait de l’affinité avec les peuples des Premières Nations, qu’elle considérait comme des gens menant une vie simple et sans prétention, depuis sa jeunesse. Les Autochtones qu’elle a rencontrés à Ucluelet l’avaient acceptée sans se soucier des mœurs sociales victoriennes, ce qui agaçait Carr et, d’après elle, entravait ses ambitions de femme artiste. Carr a vu des poteaux sculptés pour la première fois en 1907 à Skagway, en Alaska. Il s’agissait de mâts des Haïdas Kaigani qui avaient été déplacés à cet endroit.

Cinq ans plus tard, Carr a visité les communautés côtières du centre et du nord d’Alert Bay, la vallée de la rivière Skeena et les îles de la Reine-Charlotte dans le cadre d’une ambitieuse expédition où elle s’est consacrée à la réalisation de croquis pendant six semaines. Elle a découvert le village de Gitwangak (autrefois connu sous le nom de Kitwangak), sur la Skeena. Gerta Moray a écrit qu’à cet endroit, « Carr a commencé à appliquer l’expérience qu’elle avait acquise dans le rendu des formes sculptées à Hlragilda ‘Ilnagaay / Skidegate pour donner de la masse et du volume aux poteaux Gitxsan ». Carr a noté que les mâts « en amont de la rivière Skeena étaient d’un brun chaud et semblaient être en bois presque neuf, bien qu’en les observant de près, on constate qu’ils sont très vieux et très usés ». Selon elle, les habitants de cette région (contrairement aux Haïdas, a-t-elle souligné) voyaient la vie avec plus de légèreté et, par conséquent, « on y voyait beaucoup plus de visages joyeux représentés ».

Le projet optimiste de Carr visant à attirer l’attention sur les peuples autochtones et leur situation critique en reproduisant leurs maisons et leurs mâts sculptés (qui, selon elle, allais disparaître complètement à court terme) ne s’est concrétisé qu’en 1927, lorsqu’elle a reçu la visite de l’anthropologue Marius Barbeau et du directeur de la Galerie nationale du Canada (aujourd’hui le Musée national des beaux-arts du Canada), Eric Brown. À la suite de la rencontre, ces hommes ont inclus des œuvres de Carr dans la désormais célèbre exposition West Coast Art, Native and Modern, qui s’est tenue au musée en décembre de la même année, et ont invité Carr à la visiter. Cette exposition décisive a propulsé Carr sous les feux de la rampe au Canada et lui a permis de faire la connaissance de Lawren Harris et d’autres membres du Groupe des Sept. Ce fut une rencontre décisive puisque le soutien et le respect qu’ils lui ont manifestés ont renouvelé son enthousiasme à poursuivre sa carrière artistique, malgré les nombreux revers financiers et les critiques négatives qu’elle avait essuyés au cours de la décennie précédente.

Son désir de dessiner et peindre les villages éloignés des Premières Nations s’en est également trouvé renouvelé. Dès son retour dans l’Ouest, Carr a fait des plans ambitieux pour voyager vers le Nord et, en juin 1928, elle est retournée visiter un certain nombre de villages sur la rivière Skeena qu’elle avait vus lors de son voyage de 1912. À son retour à Gitwangak, elle a découvert que les mâts totémiques avaient fait l’objet d’un projet de restauration du ministère des Mines et de la compagnie Canadien National parce que le village se trouvait sur la ligne de chemin de fer. Les mâts avaient été stabilisés avec des poteaux de renforcement, recouverts d’une peinture épaisse qui n’était pas traditionnelle, et réinstallés en ligne bien droite dans le village. Offensée par les travaux, même s’ils avaient été menés dans un but de préservation, Emily Carr a entrepris d’immortaliser les mâts totémiques, comme l’a expliqué Moray : « Elle a reproduit les douze mâts, qui se trouvaient alors alignés le long de la rivière, au crayon et à l’aquarelle sur huit pages d’un cahier à dessin, puis dans cinq esquisses à l’huile, renouant ainsi avec eux. » Dans ces œuvres, elle s’est surtout attardée aux proportions et aux masses des mâts, souvent reproduits en gros plan, comme dans cette superbe aquarelle peinte lors de ce voyage. Les personnages sculptés semblent animés, comme s’ils pouvaient à peine être retenus sur le mât, et le spectateur ressent l’intensité de leur regard, même vus de côté. Les montagnes à l’arrière-plan, reproduites avec des lavis transparents, sont majestueuses et leur apparence éthérée fait ressortir la solidité et la précision des mâts.

Ce voyage décisif de 1928 sera la dernière visite prolongée de Carr dans les villages des Premières Nations. Elle y est retournée pour de plus courtes périodes l’année suivante, mais en 1930, la forêt était devenue le centre d’intérêt de Carr.


Estimation : 175 000 $ - 225 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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