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LOT 017

AANFM AUTO CAS QMG RCA SAAVQ SAPQ
1924 - 2001
Canadien

Sans titre
huile sur toile
signé et daté 1962
63 3/4 x 51 po, 161.9 x 129.5 cm

Estimation : 200 000 $ - 300 000 $ CAD

Vendu pour : 1 801 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Pierre Roy, Montréal
Collection privée, Toronto

BIBLIOGRAPHIE
Herta Wescher, Marcelle Ferron de 1945 à 1970, Musée d’art contemporain, 1970, répertorié, non paginé
Monique Crouillère, réalisatrice, Ferron, Marcelle, Office national du film du Canada, 1989
A.K. Prakash, Independent Spirit, 2008, reproduit page 191

EXPOSITION
Musée d’art contemporain, Montréal, Marcelle Ferron de 1945 à 1970, 8 avril - 31 mai 1970, catalogue #62


Tout au long de sa carrière, Marcelle Ferron a défini sa peinture par une approche expressive et exubérante de la couleur et du geste. Après avoir rencontré Paul-Émile Borduas en 1946, elle est rapidement devenue une voix puissante de l’abstraction picturale québécoise émergente. Ferron a quitté Montréal en 1953 pour s’installer Paris où elle demeurera jusqu’en 1966. Elle y a rapidement développé sa technique et sa pratique, et a commencé à délaisser l’usage des pinceaux pour les spatules. Celles-ci sont souvent impressionnantes en soi puisque Ferron les fait fabriquer sur mesure par un orfèvre. Ses outils étaient plus grands que la normale, de différentes largeurs et mesurant jusqu’à un mètre de longueur. Ferron utilisait également ce qu’elle appelait des squeegees, des spatules dont la grande lame était fixée au manche à angle droit, qu’elle utilisait pour ce qu’elle appelait les « grands moments » ou les « raclages ». Elle utilisait ces couteaux et spatules avec des gestes picturaux toujours plus grands et plus fluides, tirant des teintes vibrantes à travers des fonds blancs pour créer des champs de couleurs riches et éclatants.

Dans les années 1940, comme ses ressources étaient limitées à Montréal, Ferron réalisait nécessairement des œuvres de taille modeste, caractérisées par des tessellations denses et des tons de terre discrets. À Paris cependant, les toiles de Ferron sont devenues de plus en plus grandes, de plus en plus chromatiques et de plus en plus dramatiques, atteignant parfois une taille monumentale, comme l’exemple impressionnant que l’on a ici. Ses tableaux s’éloignaient de ses œuvres précédentes plus compactes et faisaient appel à des couleurs plus vives et plus expressives (au moins, en partie, pour répondre aux demandes du marché européen qui l’exigeait) et, grâce à un généreux mécène, elle a pu utiliser des pigments plus coûteux. Elle broyait et mélangeait ces pigments elle-même, puis les liait avec des huiles de lin et de pavot. Cette dernière est plus claire et jaunit moins avec le temps, et constituait un médium particulièrement adapté au mélange des blancs. Ferron était particulièrement exigeante avec le blanc et reprenait souvent les tableaux qu’elle avait encore en sa possession au fur et à mesure qu’ils vieillissaient pour appliquer de nouveau de la peinture fraîche sur les zones blanches qui avaient été salies ou jaunies. Elle s’assurait ainsi que ses tableaux étaient continuellement revitalisés, rafraîchis de manière dynamique et améliorés, même une fois la disposition formelle finalisée.

L’implacable primauté du blanc démontre son importance dans ses compositions, servant à la fois de fond et de structure pour les pigments plus chromatiques. Cette caractéristique n’est probablement pas plus évidente que dans ce Sans titre. Ici, la structure centrale est contenue par des espaces vides dans les coins, ce qui suggère la fonction du blanc à la fois comme fond et comme limite. Néanmoins, il ne s’agit pas d’un champ neutre et il sert plutôt à illuminer la toile d’un éclat vif. Le blanc traverse le choc féroce des couleurs, appliquées en larges bandes striées : oranges, carmins et ocres jusqu’aux verts et aux bleus. De grandes taches de noir brunâtre rappellent l’influence antérieure de Borduas, le mentor de Ferron. Une énorme bande violette, qui retient toute l’attention, ancre la structure au bas de la toile : réalisée d’un seul geste, cette bande violette suture la toile et contient les vagues de couleurs vibrantes. Le format considérable de cette œuvre lui confère une grande importance : étendues à une échelle monumentale, les cascades de coups de pinceau qui s’entrechoquent exigent du spectateur qu’il participe à sa spontanéité tumultueuse et sans compromis.

Marcelle Ferron a peint Sans titre en 1962, alors qu’elle avait atteint son plus haut niveau de confiance, d’habileté et d’énergie. Au cours des années 1960, elle a participé à des expositions collectives d’envergure, notamment au Louvre en 1960 et au Musée d’art moderne de Paris en 1962 et 1965. De plus, son travail a été présenté aux côtés de tableaux de Joan Mitchell et de Sam Francis. Elle a remporté la médaille d’argent à la Biennale de São Paulo en 1961, devenant la première Québécoise à recevoir une telle reconnaissance internationale.


Estimation : 200 000 $ - 300 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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