LOT 025

ARCA OC OSA
1927 - 1977
Canadien

The Bog Road Today
techniques mixtes sur panneau
paraphé et daté 1971 et au verso titré et daté sur l’étiquette de la galerie
10 3/4 x 48 po, 27.3 x 121.9 cm

Estimation : 40 000 $ - 60 000 $ CAD

Vendu pour : 73 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
The Isaacs Gallery Ltd., Toronto
Collection privée, Toronto

BIBLIOGRAPHIE
William Kurelek, Kurelek’s Canada, 1975, page 12
William Kurelek, entrevue par Michael Ewanchuk, vers 1975, extrait « I really fell in love with nature », Archives et collections spéciales de l’Université du Manitoba, disponible à https://kurelek.ca/audio-video/audio


En 1934, les Kurelek quittent leur propriété de Whitford, en Alberta, pour s’installer sur une ferme à Stonewall, à une quarantaine de kilomètres au nord de Winnipeg au Manitoba. Les tentatives de la famille pour cultiver du blé échouent et le père de William, Dmytro, comme beaucoup de ses voisins immigrants, se lance dans l’élevage de vaches laitières. La nouvelle propriété est idéale pour le pâturage, car elle donne à l’est sur une grande étendue de terres humides marécageuses, aujourd’hui appelée marais Oak Hammock. À l’époque cette zone s’appelait tourbière St. Andrews, mais pour les Kurelek, il s’agissait simplement de « la tourbière » (the bog).

Kurelek racontait souvent à quel point il aimait cette « vaste tourbière plate et dégagée » quand il était enfant. Elle représentait pour lui une échappatoire aux corvées et aux exigences des travaux dans les champs. Il a déclaré :

J’étais vraiment captivé par la nature. J’aime les oiseaux, et j’aime explorer, prendre la mesure de la profondeur de l’eau au printemps dans mes bottes en caoutchouc. J’aimais les grands spectacles de la nature, comme les tempêtes, les blizzards et toutes ces choses-là. Aujourd’hui encore, je suis reconnaissant d’avoir eu cette tourbière immédiatement à l’est de notre ferme, et il n’y avait aucun être humain à environ 20 milles à la ronde... C’était sauvage à l’époque, il n’y avait pas de clôtures. Nous aimions y aller pour nous éloigner de la vie sur la ferme.

La tourbière représentait à la fois une échappatoire aux travaux quotidiens et un espace au grand potentiel créatif pour jouer et explorer, un espace transitoire qui occupait à la fois les mondes de la maison et de la nature.

Le romantisme de l’arrière-pays sauvage que représentaient les zones humides était intensifié plutôt que tempéré par sa proximité avec la ferme familiale. Kurelek a écrit que son père laissait la bordure est de leur ferme en jachère pour y cultiver un pâturage, permettant ainsi aux vaches de paître dans la tourbière en été. De plus, les marais devenaient des patinoires en hiver et des étangs où il pataugeait lors de la fonte des neiges au printemps. La « route de la tourbière » du titre du tableau désigne le long chemin de terre rectiligne qui menait à cet espace transitoire, bordée de profonds fossés de drainage que l’on peut considérer comme des prolongements du marécage. Ce rapport étroit entre le marais et les fossés est structuré dans le tableau par l’intensité de la perspective conique centrale, qui accentue également l’immensité de la prairie. L’impression qui se dégage du tableau est détendue : de l’autre côté du fossé, un troupeau de vaches longent la clôture, tandis que l’on remarque à peine la ferme basse au loin. À un champ de là, la terre fraîchement labourée attend les semailles, tandis que plus loin encore, on peut voir des balles de foin rondes. Une longue ligne d’arbres à l’horizon, sous des nuages de pluie où un orage se prépare, marque la frontière entre les terres agricoles et la nature sauvage.

Cette scène n’a pas été peinte de mémoire, mais probablement lors d’un voyage de l’artiste à Stonewall et dans la campagne manitobaine à l’âge adulte, dans les années 1960 et 1970. Il se dégage ici un sentiment palpable d’absence, une image jaillie de l’enfance de Kurelek qui se ressent dans le paysage placide et la ferme pastorale bucolique. Il n’y a pas de trace d’enfants qui jouent ni d’espiègleries (sauf, peut-être, le petit chien de ferme qui aboie joyeusement près des vaches à droite). Aussi, on ne voit ici aucune manifestation des impulsions plus didactiques de Kurelek : pas de fermiers au travail ou au repos, pas de tableaux religieux spectaculaires ni d’indices révélant l’ambivalence cosmique de la nature envers l’homme. Nous avons plutôt l’impression qu’il s’agit d’une scène croquée à la suite d’une observation directe, ancrée dans la perspective à hauteur d’œil d’une photographie. Il se dégage de l’œuvre une impression de continuité, comme si la nostalgie de Kurelek était présente tel un souvenir de ce qui a déjà traversé le paysage plutôt que de ce qui existe à l’intérieur, permettant à la scène d’être une célébration sans intermédiaire de la nature et de la vie dans les Prairies.

Cette œuvre est présentée dans le cadre original fabriqué par Kurelek.


Estimation : 40 000 $ - 60 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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