LOT 036

1981 -
Américain

Rough Rivers
oil, crayon and enamel on canvas
au verso signé, titré, daté 2017 et inscrit « NYC »
48 x 40 po, 121.9 x 101.6 cm

Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Vendu pour : 217 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Galerie Rachel Uffner, New York
Acquis de ce qui précède par la présente Collection Privée, Montréal


Shara Hughes est une artiste américaine contemporaine qui fait souvent l’objet d’expositions. Ses tableaux vibrants se situent sans complexes entre le paysage et l’abstraction. Plutôt que de se cantonner dans un genre ou l’autre, Rough Rivers déploie des motifs paysagers reconnaissables – des collines et des rivières, par exemple – d’une manière exubérante, abstraite et non descriptive. Cette approche résolument actuelle de l’abstraction comme genre et méthode témoigne de l’attention dont le paysage jouit depuis longtemps dans la peinture américaine. Il n’est pas étonnant que cette artiste ait été choisie pour participer à la Biennale du Whitney en 2017, la plus ancienne sur l’art américain, et que ses tableaux soient actuellement exposés au Kunstmuseum Lucerne, en Suisse.

Dans Rough Rivers, Hughes développe spontanément un vocabulaire remarquable de formes abstraites représentant la terre, l’eau et l’atmosphère. Si l’œuvre est astucieusement orientée à la verticale comme un portrait, on voit néanmoins facilement la division fondamentale entre la terre et le ciel typique des paysages qui traverse d’un côté à l’autre la surface inférieure, avec des contours bleus et verts audacieux. Toutefois, cette composition conventionnelle n’est qu’une allusion qui se prêtera à d’autres improvisations. La zone largement ouverte au bas du tableau n’est pas un premier plan au sens habituel. Elle est plutôt d’un ton clair, le concept est ouvert et, comme il est courant chez cette artiste, réalisée à l’aide de techniques diverses. Des formes rouges et bleues semblent être incrustées dans une surface poreuse, tandis que leurs « cousins » circulaires blancs et les quelques traces rouges sont peints à la surface de ce support rêveur. L’œuvre picturale dégage une grande sensualité.

On pourrait qualifier de « cosmique » la partie supérieure de la toile dans le sens où elle apparaît comme un ciel au-dessus de la ligne d’horizon appuyée, sans compter que les formes elles-mêmes rappellent ce que nous pourrions voir et imaginer en levant les yeux. La sphère verte au centre, entourée de cercles réverbérants qui semblent se déplacer vers l’extérieur, fait penser à une planète. Cette zone supérieure est animée par des stries bleu foncé appliquées avec délicatesse sur un fond de peinture blanche. Nous remarquons que la forme évoquant un serpent de rivière, qui commence derrière la montagne bleue centrale, s’enroule au-delà de la limite supérieure de la surface, pour réémerger dans le coin supérieur droit. Ainsi, elle encadre ou retient les trois arabesques fortement teintées et infléchies qui dansent sur cette partie de la surface. Ce que Hughes ne fait pas, ici, c’est de confiner ses formes imaginaires et exubérantes; elle les retient pour concentrer notre attention, mais non pas pour les laisser se prêter à une analyse. Nous avons l’impression que la métamorphose gouverne cette surface hautement organique, que ce que nous voyons maintenant se transformera pour constituer un ensemble tout aussi intriguant de motifs et de relations sous nos propres yeux.

Peinture… Paysage… Abstraction… Écrites avec des majuscules, comme s’il s’agissait de titres de chapitres d’un manuel scolaire, ces catégories renvoient à des chemins bien tracés dans l’histoire de l’art moderne, et même prémoderne. Beaucoup estiment que ces traditions sont dépassées et devraient être éclipsées, mais comme le démontre Shara Hughes avec Rough Rivers, elles ne cessent de se présenter sous des aspects inventifs et qui procurent un grand plaisir visuel. La peinture s’ouvre sur l’avenir en s’appuyant sur l’expérience et le vocabulaire qui naissent de la réinvention de ses conventions.

Nous remercions Mark Cheetham, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Toronto, qui a rédigé à l’essai ci-dessus. Cheetham est l’auteur de deux ouvrages sur l’art abstrait : The Rhetoric of Purity: Essentialist Theory and the Advent of Abstract Painting ainsi que Abstract Art Against Autonomy: Infection, Resistance, and Cure since the 60s.

Veuillez noter que cette œuvre est vendue non encadrée.


Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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