LOT 013

ARCA CGP CSGA CSPWC OSA P11
1909 - 1977
Canadien

Orange Totem
acrylique sur toile
au verso signé, titré, daté Novembre 1973 et inscrit « Top » (avec flèche) / « Toronto » / « Acrylic Polymer W.B »
87 x 62 po, 221 x 157.5 cm

Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Vendu pour : 301 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
David Mirvish Gallery, Toronto, avril 1974
Collection de Ronald Baker, Toronto, juillet 1974
Malcolm Fisher, 2019
Collection privée, Toronto

EXPOSITION
David Mirvish Gallery, Toronto, Jack Bush: Recent Paintings, 1974


Au printemps 1974, Orange Totem de Jack Bush a été dévoilé au public dans une exposition solo intitulée Jack Bush: Recent Paintings à la galerie David Mirvish. Dès l’été, le tableau a été acquis par un collectionneur privé qui l’a conservé durant 45 ans. Comme son titre l’indique, Orange Totem fait partie de la série Totem, qui compte 21 tableaux réalisés entre 1973 et 1974. Ces peintures sont très prisées par leurs propriétaires. À preuve, la majorité des tableaux de la série Totem (soit 16 sur 21) ont été conservés par leurs propriétaires privés pendant au moins 30 ans avant de changer de mains, voire pas du tout.

Caractérisée par des aplats de couleurs vives superposés les uns sur les autres, chaque peinture de la série Totem est d’une grande originalité. Orange Totem présente des formes colorées qui ont migré sur le côté pour créer une pile de couleurs adjacente plus petite, ce qui en fait le premier totem double de la série. Bush s’est consacré à obtenir la syntaxe ou l’agencement le plus efficace de la couleur dans chaque Totem plutôt que de s’attarder à la forme ou à la symbologie. À l’instar de Hans Hofmann, dont les blocs de couleur rectilignes soulignent la surface de la composition abstraite, Bush maintient une impression de tension active entre ses combinaisons de couleurs vives. Dans Orange Totem, l’intensité chromatique est renforcée par le contraste marqué entre les couleurs chaudes et les froides : orange contre bleu et rose contre vert. Comme l’a fait remarquer Roald Nasgaard dans son compte rendu de l’exposition des œuvres récentes de Bush en 1974, les couleurs présentes dans ses nouvelles œuvres pouvaient « se dépenser avec toute la sonorité des tableaux du milieu des années 1960 qui n’ont peut-être pas été surpassés jusqu’à présent1 ».

La coexistence d’arêtes brutes et d’arêtes nettes sur ces figures de couleur plates fonctionne comme un rappel du véritable sujet du tableau : la peinture sur toile. Paradoxalement, ces taches colorées illustrent les gestes du peintre sans pour autant se prêter au mouvement de ces gestes. Le même défi est relevé avec le fond tacheté que Bush avait réalisé la première fois en 1969, lorsqu’il avait cherché à reproduire la surface d’une pierre. Cet arrière-plan joue avec les principes de l’abstraction post-picturale à deux niveaux : il donne l’apparence d’une texture sans être réellement texturé (la profondeur est niée), et ses variations trompeuses et infinies de bruns sombres, clairs et moyens ont été obtenues sans un seul coup de poignet. Bush a réalisé ses arrière-plans en plongeant son rouleau dans la peinture non mélangée. Toute marque gestuelle laissée au cours de ce processus était volontairement un produit du hasard dans l’objectif d’exclure l’ancienne valeur de la virtuosité en peinture.

Bush était peintre depuis la fin des années 1920 et en 1973, et était reconnu comme un chef de file respecté de l’abstraction américaine. Le conservateur Kenworth Moffett avait organisé une rétrospective des tableaux de maturité de Bush, qui fut l’exposition inaugurale de la nouvelle aile d’art contemporain du Museum of Fine Arts de Boston en février 1972. La préface de Moffett dans le catalogue de l’exposition souligne la réception positive de l’œuvre de Bush à l’étranger :

D’un point de vue historique, les peintures les plus récentes de Bush semblent synthétiser le type d’improvisations graphiques que l’on trouve chez Miró et Gottlieb avec l’abstraction chromatique américaine. Elles rappellent également certains aspects de Matisse, notamment dans leur couleur et leur traitement des relations entre les figures et l’arrière-plan. Mais au-delà de toutes les comparaisons et influences, elles sont l’œuvre d’une personnalité artistique très originale. Elles témoignent de l’assurance et de la liberté d’un grand peintre au sommet de son art2.

Peint quelques mois à peine après la publication de l’éloge de Moffett, Orange Totem témoigne de la confiance et de l’esprit d’innovation qui habitaient Bush à la fin de sa carrière.

Nous remercions Sarah Stanners, PhD, professeure adjointe au département d’histoire de l’art de l’Université de Toronto et directrice du catalogue raisonné de Jack Bush, qui a participé à l’organisation de la rétrospective Bush au Musée des beaux-arts du Canada en 2014, pour avoir rédigé l’essai ci-dessus.

Cette œuvre sera incluse dans le prochain ouvrage de Stanners, Jack Bush Paintings : A Catalogue Raisonné.

1. Roald Nasgaard, « Toronto: Jack Bush at David Mirvish », Arts Magazine, vol. 48, no 9, juin 1974, p. 70 [traduction libre].

2. Kenworth Moffett, catalogue de l’exposition Jack Bush Exhibition for the Inauguration of the New Contemporary Gallery, Boston, Museum of Fine Arts, 1972, non paginé [traduction libre].


Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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