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1885 - 1970
Canadien
Agawa Valley, Algoma
huile sur panneau, circa 1920
paraphé et au verso signé, titré et inscrit « Mr. and Mrs. Robinson with compliments of the perpetrator » de la main de l’artiste et « #8036 »
10 1/2 x 13 3/8 po, 26.7 x 34 cm
Estimation : 100 000 $ - 150 000 $ CAD
Vendu pour : 109 250 $
Exposition à :
PROVENANCE
Un cadeau de l’artiste à M. et Mme Robinson
Empire Auction, Toronto, 15 avril 1992
Collection privée, Toronto
Par filiation à la collection privée actuelle, Vancouver, 2003
Agawa Valley, Algoma est une esquisse énergique et fougueuse qui capture la beauté d’un paysage sauvage ouvert typique canadien. Elle représente la région accidentée d’Algoma, en Ontario, à l’est du lac Supérieur, un des sujets qui ont joué un rôle capital pour catalyser la formation du Groupe des Sept et la réalisation d’une vision commune pour incarner le Canada en fonction de ses propres caractéristiques.
Lawren Harris a décrit Algoma comme « un véritable paradis pour le peintre aventurier créatif dans le Nord canadien ».[1] Ses paysages variés et spectaculaires seront d’ailleurs une source d’inspiration essentielle pour lui et d’autres membres du Groupe. Harris découvre la région au printemps 1918 en compagnie de son ami et mécène, le Dr James MacCallum. Cette première visite de reconnaissance les convainc du potentiel pictural des sites et les deux hommes organisent leur retour dès l’automne suivant, en compagnie cette fois de leurs collègues, les artistes J.E.H MacDonald et Frank Johnston.
L’enthousiasme de Harris pour Algoma est manifeste dans ses lettres à MacDonald, qui se remet d’un accident vasculaire cérébral à Thornhill au début de 1918. Cet été-là, alors qu’il prépare le premier voyage de groupe, il écrit :
Je n’ai qu’un seul doute : le Doc ronfle à l’occasion... Je ne vois rien d’autre qui puisse t’empêcher de profiter pleinement de ce voyage, et une fois que nous aurons quitté le Soo [Sault Ste. Marie] et commencé à grimper dans ce paradis, tu oublieras complètement de penser à ta santé ou à ton état d’esprit, ne serait-ce qu’en passant. Tu te contenteras de boire cette beauté avec tes yeux, les doux sons de la forêt avec tes oreilles, et l’air pur et vivifiant avec tes poumons. Que Dieu te bénisse ![2]
En dépit des légères préoccupations de Harris, l’expédition de 1918 est un succès retentissant et Harris organisera d’autres voyages de groupe à Algoma en 1919, 1920 et 1921.
La majestueuse vallée d’Agawa représentée avec enthousiasme sur ce panneau est l’un des lieux de prédilection pour les croquis lors de bon nombre de ces voyages. Aujourd’hui, la vallée reste un sanctuaire aussi splendide qu’à l’époque où elle a été peinte, toujours accessible uniquement en train (ou en canot) et toujours aussi impressionnante par sa grandeur et son échelle. En 1918, les artistes sont inspirés par cette vallée au premier regard, comme l’a écrit MacDonald à son arrivée :
Le pays est certainement tout ce que Lawren et le Dr en ont dit. C’est un pays selon le cœur de Dante. [...] Le canyon semble monter vers le haut et possède tous les attributs d’un Paradis imaginé, à l’exception, peut-être, de tout ce qui concerne les prairies. Il y a de splendides chutes d’eau de tous les côtés et les arbres les plus beaux : épinettes, ormes et pins.[3]
Pour réaliser cette esquisse, Harris s’est aventuré dans la vallée et a escaladé le flanc de la colline afin d’obtenir une meilleure vue de ce paysage grandiose. La roche exposée du côté opposé, avec la forêt mixte, constitue une toile de fond monumentale pour les pins blancs anciens qui se dressent fièrement et traversent la composition verticalement. Cette disposition crée une impression d’espace vaste, suggérant l’infinité de cette terre sublime au-delà des arbres du premier plan, un mélange d’épinettes, de pins et d’arbres à feuilles caduques à différents stades de sénescence automnale.
L’inscription au verso de cette peinture révèle que l’artiste a offert l’œuvre à ses premiers propriétaires, ce qui laisse supposer qu’il était satisfait du résultat. Elle nous donne également un aperçu du sens de l’humour de Harris, qui a signé « gracieuseté de l’auteur du crime ». Cette mention fait écho au ton amusant qu’il a utilisé dans une enquête de la Galerie nationale du Canada en 1920, lorsqu’il a répondu à la question « Détails des honneurs conférés en rapport avec l’art » par « J’ai vendu un tableau à un citoyen. Il est toujours en vie. » Malgré la modestie de Harris à l’égard de ses œuvres, on peut être certain que les premiers collectionneurs de ses belles peintures, dont Agawa Valley, Algoma, ont apprécié d’être les gardiens d’une contribution aussi importante à l’héritage artistique du Canada.
Nous remercions Alec Blair, directeur et chercheur principal du projet d’inventaire Lawren S. Harris, pour la rédaction de l’essai ci-dessus.
1. Lawren Harris, « The Group of Seven in Canadian History », Report of the Annual Meeting of the Canadian Historical Association, vol. 27, no 1, 1948, p. 34 [traduction libre].
2. Harris à J.E.H. MacDonald, non daté, 1918, LSH Estate Archives.
3. Cité dans Paul Duval, The Tangled Garden: The Art of J.E.H. MacDonald, Scarborough, Cerebrus/Prentic Hall, 1978, p. 86-87 [traduction libre].
Estimation : 100 000 $ - 150 000 $ CAD
Tous les prix affichés sont en dollars canadiens
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