LOT 015

AUTO CAS QMG RCA
1905 - 1960
Canadien

L’Arlésienne en balade
aquarelle sur papier
signé et daté 1954 et au verso titré L’Arlésienne en Ballade [sic] sur les étiquettes de les galleries, daté et inscrit « Trouées blanches » et « Roland »
22 x 30 po, 55.9 x 76.2 cm

Estimation : 40 000 $ - 60 000 $ CAD

Exposition à : Heffel Vancouver

PROVENANCE
Galerie Agnès Lefort, Montréal
Galerie Claude Lafitte, Montréal
Galerie Dresdnere, Toronto
Art canadien et international, Maison de vente aux enchères Heffel, 9 novembre 1995, lot 90
Collection privée, Vancouver
Art canadien d’après-guerre et contemporain, Maison de vente aux enchères Heffel, 27 mai 2015, lot 25
Collection privée, Vancouver

BIBLIOGRAPHIE
Wassily Kandinsky, Du spirituel dans l’art, 1912, page 25
« Borduas et Riopelle Chez Agnès Lefort », La Presse, 25 septembre 1965, page 23
François-Marc Gagnon, Paul-Émile Borduas (1905 – 1950) : Biographie critique et analyse de l’œuvre, 1978, pages 355 et 503
Karen Wilkin, The Automatists : Then and Now, Galerie Dresdnere, 1986, reproduit page 54
David Burnett, Les Automatistes: Montreal Painting of the 1940s and 1950s, Drabinsky Gallery, 1990, page 32

EXPOSITION
Galerie Agnès Lefort, Montréal, Borduas : 28 aquarelles, 22 mai au 9 juin 1956
Brooklyn Museum, New York, International Watercolor Exhibition, 20e Biennale, 7 avril au 31 mai 1959, intitulée The Girl from Arles in the Ballad, catalogue #9
Galerie Agnès Lefort, Montréal, Borduas – Riopelle : Encres et aquarelles, 18 septembre au 1er octobre 1965
Galerie Claude Lafitte, Montréal, Grands maîtres européens et canadiens et artistes de la galerie, 12 juin au 15 septembre 1985, catalogue #26
Galerie Dresdnere, Toronto, The Automatists : Then and Now, du 1er au 21 mai 1986, catalogue #3
Drabinsky Gallery, Toronto, Les automatistes : La peinture montréalaise des années 1940 et 1950, 13 octobre au 7 novembre 1990


Paul-Émile Borduas s'intéresse particulièrement à la production d’aquarelles en 1954. Il n'est pas toujours possible d'associer un titre à une aquarelle existante, comme c'est le cas dans le cas de L'Arlésienne en balade, car l'histoire de chaque œuvre peut être difficile à retracer. Mais une chose est sûre, c'est que l'on peut attribuer cette production inspirée de 1954 à l'impact de la peinture américaine sur Borduas. Puisqu'il s'est installé à New York en 1953, Borduas sait bien ce qui s'y passe, de sorte qu'il n'est plus possible d'affirmer, comme il le fait au début de sa résidence à New York, que Paris demeure la capitale des arts. L'artiste avait besoin d'assimiler de nouvelles techniques comme le dripping ou le splashing, de nouveaux concepts d'espace pictural tels que la bidimensionnalité et le all-overness, et de nouveaux formats. L'aquarelle lui permet de travailler rapidement et constitue le support idéal pour ce genre d'exploration.

Dans L'Arlésienne en balade, Borduas adapte des formes végétales à un format horizontal dans une composition relativement intégrale. Le fait qu'il hésite à sortir du rectangle du papier sur lequel il travaille est un indice que l'idée d'une composition centrée l'emporte. Dans les peintures de Jackson Pollock, par exemple, on a souvent l'impression que le réseau de lignes vu sur la toile peut s'étendre hors du cadre dans toutes les directions – il n'y a pas d'opposition entre le centre et la périphérie. Pour cette raison, de telles œuvres ont été comparées par des critiques malveillants à du papier peint.

Ici, le mouvement gracieux, ressenti en suivant les traits noirs et les taches vertes de cette aquarelle de Borduas, a peut-être suggéré le titre. L'Arlésienne est le titre d'une pièce de théâtre écrite par Alphonse Daudet, dont Georges Bizet avait composé la musique de scène en 1872. Cela suggère une fois de plus l'intérêt de Borduas pour la musique. D'autres titres de Borduas vont dans la même direction : Allegro furioso, Tombeau pour une cathédrale défunte, Chant d'été, Symphonie, pour n'en nommer que quelques-uns. Ce n'est pas surprenant pour un peintre abstrait, puisque l'abstraction a souvent été comparée à la musique par ses premiers promoteurs. L'idée était que la peinture, comme la musique, pouvait stimuler les sentiments, sans être figurative. Dans son livre de 1912 Sur le spirituel dans l'art, Wassily Kandinsky écrivait : « D'une manière générale, la couleur est un pouvoir qui influence directement l'âme (c'est-à-dire les sentiments). La couleur est le clavier, les yeux sont les marteaux, l'âme est le piano aux nombreuses cordes. L'artiste est la main qui joue, en touchant une touche ou une autre, pour provoquer des vibrations dans l'âme. »

L'histoire de L'Arlésienne en balade est un peu compliquée. Elle a été exposée à l'Exposition internationale d'aquarelle, 20e Biennale, au Brooklyn Museum au printemps 1959. Après la mort de Borduas, la Galerie Agnès Lefort de Montréal l'expose avec les œuvres de Jean Paul Riopelle en septembre 1965. Mais c'est lors de sa vente en novembre 1995 à la Maison de vente aux enchères Heffel qu'il a été acquis par un collectionneur vancouvérois. Avant cela, elle a été exposée à la Galerie Claude Lafitte à Montréal et à la Dresdnere Gallery à Toronto. Autant dire que l'aquarelle elle-même a longtemps été « en balade » !

Le texte ci-dessus a été écrit par feu Dr. François-Marc Gagnon de l'Institut d'études en art canadien Gail et Stephen A. Jarislowsky de l'Université Concordia, en 2015.

Cette œuvre est incluse dans le catalogue raisonné en ligne de François-Marc Gagnon sur l'œuvre de l'artiste à https://www.borduas.concordia.ca/en/catalog/3002, catalogue #2005-1037.


Estimation : 40 000 $ - 60 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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