LOT 127

CAC RCA
1881 - 1942
Canadien

Variation of Endormis sur le chemin du retour for Maria Chapdelaine
gouache sur monotype à l'huile sur papier
étampé Atelier Gagnon et au verso titré diversement et certifié par l’inventaire Lucile Rodier Gagnon #949
4 3/4 x 6 po, 12.1 x 15.2 cm

Estimation : 15 000 $ - 20 000 $ CAD

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Succession de l’artiste
Collection privée, Montréal
A.K. Prakash & Associates Inc., Toronto
Collection privée, Toronto

BIBLIOGRAPHIE
Louis Hémon, Maria Chapdelaine, 1933, illustrations de Clarence Gagnon, la scène associée reproduite page 16


Après la messe dominicale à l’église de Péribonka, Samuel Chapdelaine et sa fille Maria entreprennent le retour vers la ferme familiale, emmitouflés dans le traîneau tiré par le cheval Charles-Eugène. La bête est ici le seul être pleinement conscient sur le chemin glacé : il mènera les Chapdelaine endormis jusqu’au perron de leur maison. Voici le sujet de la scène que Clarence Gagnon illustre en page 16, Endormis sur le chemin du retour, quatrième des 54 compositions du célèbre roman Maria Chapdelaine de Louis Hémon (publié à l’origine en 1913).

L’ouvrage sera réédité à de nombreuses reprises, en éditions de luxe notamment avec la participation d’illustrateurs renommés à Paris dont Gérard Cochet, Alexandre Alexeieff, Jean Lébédeff et Jean Droit. Vers la fin des années 1920, les Éditions Mornay, qui venait de publier Le grand silence blanc de Louis-Frédéric Rouquette illustré par Gagnon en 1928, invite le Canadien à travailler sur une édition illustrée du roman de Hémon. Ce dernier se consacre intensivement au projet pendant cinq ans. À la publication de l’ouvrage (1933), la contribution de l’artiste est considérée parmi les plus accomplies et les plus définitives de l'histoire bien connue.

L’ensemble des petites compositions en couleurs du livre font 10 centimètres sur 12. Les images finales sont réalisées au monotype à l’huile, parfois rehaussé d’autres techniques [1]. Toutes les 54 compositions originales sont aujourd’hui dans la Collection d’art canadien McMichael, à Kleinburg, en Ontario (voir l’œuvre connexe, 1969.4.5). Ces œuvres sont le résultat de nombreuses études inspirées des pochades que le peintre réalisait lors de ses séjours à Baie-Saint-Paul. Un monotype peut compter à lui seul plusieurs études préparatoires réalisées à la gouache. Elles sont un précieux témoignage du processus de création de l’illustrateur. De plus, le peintre peut aussi avoir travaillé une composition jusqu’à l’état final du monotype, comme c’est le cas ici pour cette variante de la composition Endormis sur le chemin du retour.

En effet, la vibrante scène de traîneau partage des particularités similaires avec l’illustration de la page 16 de Maria Chapdelaine : la position du cheval qui tire le traîneau; les deux personnages emmitouflés sous la robe de carriole en peau de chèvre grise; le sol ravagé par des incendies qui est recouvert de neige laissant poindre à la surface la végétation nouvelle parmi les squelettes décharnés et noircis d’une ancienne forêt. En revanche, on observe que la petite équipée longe la rivière Péribonka plutôt que de s’en éloigner comme dans la composition de Maria Chapdelaine. Il en est de même pour l’arrière-plan où, plutôt que de traduire des massifs de montagnes enneigés, l’illustrateur l’a réduit ici à des champs délimités par des traits et des masses bleus recouvertes d’un ciel nuageux. Cette variante rehaussée à la gouache permet d’apprécier la spontanéité expressive de l’artiste et son habileté à faire chanter les couleurs vives.

Après la Deuxième Guerre mondiale, la veuve de l’artiste Lucile Rodier-Gagnon inventorie le fonds d’atelier de Gagnon à Paris, où sont entassées, depuis 1936, des centaines d’œuvres et d’études. Mme Gagnon prend soin de marquer chacune d’entre elles d'une estampille Atelier Gagnon et d’apposer au verso un certificat d’authenticité qui comporte un numéro et la mention « Paris, 1946. »

Nous remercions Michèle Grandbois, historienne de l’art et co-auteure de Clarence Gagnon, 1881 - 1942 : Rêver le paysage, d’avoir rédigé le texte ci-dessus

1. Pour la technique du monotype, voir : Hélène Sicotte et Michèle Grandbois, Clarence Gagnon, 1881-1942 : Rêver le paysage, (Québec : Musée national des beaux-arts du Québec, 2006), catalogue d’exposition, 327, n. 70.


Estimation : 15 000 $ - 20 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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