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LOT 013

CC QMG RCA
1904 - 1990
Canadien

Portrait de garçon en rouge
huile sur toile
signé et au verso titré, daté 1964 et titré sur l'étiquette de la Galerie Agnès Lefort et étampé avec le tampon de la Galerie Agnès Lefort
25 3/4 x 19 1/2 po, 65.4 x 49.5 cm

Estimation : 150 000 $ - 250 000 $ CAD

Vendu pour : 193 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Galerie Agnès Lefort, Montréal
Acquis auprès du susmentionné par l’honorable Juge George Miller Hyde
Par filiation vers la Collection privée actuelle, Ontario


Dans l’hommage posthume qu’il rend à son vieil ami Jean Paul Lemieux, le peintre Francesco Iacurto raconte avoir eu le privilège de voir la palette du peintre : « Il n’avait jamais nettoyé sa palette. Toute la couleur de tant d’années s’y était accumulée; c’était haut comme ça! ». Les deux hommes se sont connus en 1926, au début de leurs études à l’École des beaux-arts de Montréal. Ils allaient bientôt se retrouver à Québec où ils noueront une amitié durable. Quelle part occupe le rouge dans les couches de couleurs qui, avec le temps, s’étaient superposées sur la palette du peintre?

Des premiers paysages réalisés en Charlevoix au début des années 1930 jusqu’aux dernières grandes compositions expressionnistes des années 1980, le rouge est présent dans l’œuvre de Lemieux. Abondamment et régulièrement. Ce n’est peut-être pas ce qui nous vient d’abord à l’esprit lorsqu’on pense aux œuvres de l’artiste et aux demi-teintes qui caractérisent sa peinture. Dans les tableaux de Lemieux, la pâte colorée est étalée sans ostentation sur la surface de la toile, au moyen de fines applications du pinceau qui lissent la matière pour en explorer les effets de transparence et de lumière. Quant à la gamme de couleur, elle se réduit à quelques pigments, vert olive, noir, des ocres rompus de blanc, des terres et des rouges, davantage associés aux couleurs de l’aube, de la brunante et de la poudrerie. Lemieux se plaisait à dire qu’il était un « valoriste » plutôt qu’un « coloriste », entendant par-là qu’il avait une prédilection pour le degré de clarté ou d’obscurité de la couleur .

S’il fait usage du rouge depuis qu’il peint, ce n’est qu’à partir de la seconde moitié des années 1950, que Lemieux attire notre attention sur cette couleur en l’inscrivant dans plusieurs titres de ses tableaux : Le tapis rouge (1957), Le chandail rouge (1958), Le manteau rouge (1960), Le jockey rouge (1961), La cravate rouge (1965), Le camion rouge (v. 1989), etc. Le peintre nous rappelle que la couleur joue un rôle dominant dans la composition picturale : elle définit la forme et l’espace. À la différence de ses collègues peintres plasticiens, très populaires au tournant des années 1960, Lemieux ne s’écartera pas de la représentation, ce qui ne l’empêche pas d’explorer le large éventail de valeurs liées à cette couleur rouge, dans de multiples portraits expressifs mais aussi dans des paysages urbains dépossédés de vie comme La nuit à Québec-Ouest (1964) ou The Aftermath/La ville détruite (1968).

Portrait de garçon en rouge est exemplaire de cette exploration à laquelle se prête Lemieux sur la couleur. Le titre indique bien son intention en se référant à l’ensemble du tableau et non pas à la couleur d’un vêtement ou d’un objet de la composition. Bien que Portrait de garçon en rouge n’ait pas connu de vitrine publique autre que la Galerie Agnès Lefort au moment de son acquisition, il y a plus d’un demi-siècle, il se dégage néanmoins de l’œuvre une certaine familiarité. Elle partage en effet beaucoup d’affinités avec un autre tableau plus connu, Le chandail rouge, 1958 (coll. Hart House Permanent Collection de l’Université de Toronto). De plus grand format, cette première version présente le portrait en pied d’un jeune homme sur fond rouge, portant un pantalon noir, un chandail à col et un bonnet de couleur rouge . Lorsqu’il reprend ce sujet en 1964, Lemieux en offre une vue plus rapprochée supprimant ainsi la masse noire du pantalon et la partie supérieure du bonnet. Du processus minimaliste qui anime alors le peintre, il ne restera que le visage lumineux du garçon, posé sur un cou cylindrique et bordé d’une chevelure sombre, pour rivaliser d’expression avec les valeurs de rouge qui se sont accaparées la surface.

Nous remercions Michèle Grandbois, auteure de Jean Paul Lemieux au Musée du Québec, d’avoir rédigé le texte ci-dessus. Cette œuvre sera incluse dans le prochain catalogue raisonné de Jean Paul Lemieux par Michèle Grandbois.

1. Francesco Iacurto, « J’ai bordé mon compagnon », in Marie Carani, Jean Paul Lemieux, catalogue de l’exposition, Québec, Musée du Québec / Les Publications du Québec, 1992,

2. Cité par Paul Dumas, « Rencontre avec Jean Paul Lemieux », L’Information médicale et paramédicale, Montréal, 17 juin 1969, p. 40-41

3. Pour voir une reproduction de Le chandail rouge, consulter Marie Carani, Jean Paul Lemieux (cat. D’exposition), Québec, Musée du Québec et Les Publications du Québec, 1992, cat. 114, ill. p. 256


Estimation : 150 000 $ - 250 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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