LOT 028

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1923 - 2002
Canadien

Pour ne pas voir choir les roses d’automne
huile sur toile
signé et au verso signé, daté 1968 sur l'étiquette de la Pierre Matisse Gallery, inscrit « P 27 » et diversement et étampé Lucien Lefebvre-Foinet
51 x 64 po, 129.5 x 162.6 cm

Estimation : 300 000 $ - 500 000 $ CAD

Vendu pour : 337 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Pierre Matisse Gallery, New York
Collection privée, États-Unis
Par filiation à la Collection Privée actuelle, USA

BIBLIOGRAPHIE
Georges Duthuit et al., Riopelle: Paintings, Pastels, Assemblages, Pierre Matisse Gallery, 1969, reproduit page 15 et répertorié page 32
Canadian Art Today (Londres), 1970, reproduit page v
Yseult Riopelle, Catalogue Raisonné de Jean Paul Riopelle, Addendum en ligne Tome 4, 1966 - 1971, http://www.riopelle.ca/

EXPOSITION
Pierre Matisse Gallery, New York, Riopelle: Paintings, Pastels, Assemblages, 1969


La réputation déjà imposante de Jean Paul Riopelle ne cesse de croître. En décembre 2021, le Musée national des beaux-arts du Québec a annoncé la construction d’un pavillon dédié à l’œuvre de l’artiste québécois. Comme nous le verrons lors de l’ouverture, dans une carrière aussi longue, productive et réussie que celle de Riopelle, il est utile de distinguer différentes périodes, avec les accents et les qualités propres aux œuvres produites à ce moment. Le Riopelle « classique » – si l’on peut utiliser un tel terme pour désigner un artiste radical – fait référence aux années 1950, après qu’il a déménagé à Paris et consolidé son style pictural théâtral. Dans les années 1940, il fait partie de l’avant-garde montréalaise, fondée sur le surréalisme, Paul-Émile Borduas et le manifeste culturel anti-establishment Refus global (1948). Riopelle retourne définitivement au Québec en 1972 et y peint jusqu’à sa mort en 2002. Les œuvres inspirées de l’Arctique occupent une place importante dans cette phase tardive de son travail.

Comme les autres tableaux de Riopelle des années 1960, Pour ne pas voir choir les roses d’automne (1968) a été réalisé alors qu’il jouissait déjà d’une renommée mondiale, notamment à la suite de ses participations à la Biennale de São Paulo en 1951 et 1955, à l’exposition Younger European Painters au musée Solomon R. Guggenheim en 1953 et à la Biennale de Venise en 1954 et 1962. Réfléchissant à la signature du Refus global deux décennies plus tôt lors d’une entrevue télévisée à Radio-Canada en 1968, Riopelle a souligné que le manifeste avait été « écrit par Borduas. [... ] L’esprit était de refuser les conditions aussi bien matérielles qu’intellectuelles dans lesquelles nous avions vécu jusque-là1 ». Avec d’autres membres clés de l’École de Paris, il réforme ces conditions pendant vingt ans. Dans les années 1960, Riopelle reste réfractaire aux comparaisons sans fin entre l’abstraction européenne et américaine dans les années 1950 et est célèbre en France, aux États-Unis et au Canada. Pour ne pas voir tomber les roses d’automne est vendu à New York par le marchand d’art par excellence Pierre Matisse qui représente Riopelle des deux côtés de l’Atlantique depuis le début des années 1950. On ne s’étonnera pas alors de la créativité confiante qui émane de cette toile.

L’œuvre démontre le dynamisme caractéristique et toujours attrayant de la couleur chez Riopelle et l’exubérance du mouvement du pigment dans le cadre. On imagine facilement les gestes de la main et les mouvements de tout le corps entraîner la peinture dans une frénésie organisée, mais chez Riopelle, les formes et les couleurs semblent indépendantes, animées de l’intérieur. Le spectateur est partie prenante de leur dynamisme et suppose qu’elles continueront à son départ. Riopelle évite tout ce qui est littéral. Ses titres ne sont que des suggestions, des associations, des réactions. Néanmoins, le titre Pour ne pas voir tomber les roses d’automne pourrait suggérer de s’accrocher à la saturation prismatique d’un jardin d’automne en France, où il vivait à l’époque. La peinture fusionne presque en une figure sur un arrière-plan lorsqu’on remarque la poussée ascendante des formes centrales, mais on voit et ressent une ambiance, pas une scène en soi. Très influencé par les nymphéas tardifs de Claude Monet, Riopelle considère la nature et l’art de la peinture comme un changement.

Nous remercions Mark A. Cheetham, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Toronto et auteur de deux livres sur l’art abstrait – The Rhetoric of Purity: Essentialist Theory and the Advent of Abstract Painting et Abstract Art Against Autonomy: Infection, Resistance, and Cure Since the 60s – de nous avoir fourni l’essai ci-dessus.

1. Cité dans Gilbert Érouart, Entretiens avec Jean-Paul Riopelle, Montréal, éditions Liber, 1993, p. 99.


Estimation : 300 000 $ - 500 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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