LOT 009

AANFM RCA
1923 - 1999
Canadien

Untitled
huile sur toile
au verso signé et daté 13 mars 1963
35 x 45 1/2 po, 88.9 x 115.6 cm

Estimation : 60 000 $ - 80 000 $ CAD

Vendu pour : 229 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Collection privée, Toronto

BIBLIOGRAPHIE
Fernande Saint-Martin, McEwen, 1953-73, Musée d’art contemporain de Montréal, 1973, non paginé


Issu de la scène artistique montréalaise dynamique, Jean McEwen était une voix unique de l’abstraction canadienne, rompant avec les premières influences de Paul-Émile Borduas et des Automatistes pour créer une vision singulière de la couleur et de la forme. McEwen s’installe à Paris en 1951 et, encouragé par Borduas, rencontre Jean Paul Riopelle, alors en pleine exploration de l’abstraction lyrique. Au cours de cette époque, il est également exposé aux expressionnistes abstraits américains qui exposent à Paris, et, après avoir été initié à l’œuvre de Sam Francis, il est rapidement influencé par son utilisation de couleurs lumineuses. C’est dans cet environnement, au milieu de l’avant-garde canadienne, européenne et américaine en peinture, que McEwen est exposé aux techniques modernistes, à la pleine utilisation des surfaces de grand format, à la réduction de la peinture à ses éléments constitutifs de surface et de couleur, et à un désir urgent d’explorer les limites de cette technique.

À partir de ce mélange d’influences, McEwen crée son propre langage d’abstraction fondé sur l’exploration de la relation entre la structure et la couleur, construisant des toiles éphémères qui explorent leur propre fabrication grâce à un all-over de pigments. À son retour à Montréal en 1953, McEwen s’impose rapidement comme une présence distinctive dans le milieu de l’abstraction canadienne. S’éloignant de l’influence des Automatistes Borduas et Riopelle, il développe, comme le décrit Fernande Saint-Martin, un « impressionnisme abstrait » caractérisé par les « possibilités dynamiques de la couleur ».

Le style de McEwen évoluera rapidement au cours des années 1950. Un bref retour de Borduas à la figuration en 1953 l’incitera à abandonner rapidement la spatule pour l’application directe de peinture avec les mains, produisant des surfaces texturées plus douces. À partir de 1955, McEwen réalise des œuvres de plus en plus complexes, passant de monochromes doux à des structures architecturales audacieuses. De 1960 à 1963, la peinture de McEwen est dominée par un intérêt récurrent pour les verticales, et les toiles peintes à cette époque sont définies par des divisions visibles et des blocs imposants qui s’étendent sur la toile. Tout aussi importante est son utilisation de l’éclairage pour intensifier la couleur, avec des couches épaisses de pigment atténuées et animées par des perforations brumeuses, des bords irréguliers et des interactions entre transparence et opacité.

C’est dans ce contexte vital qu’Untitled a été réalisé. L’œuvre illustre l’évolution du style de McEwen qui déclare avec exubérance sa propre matérialité. Le premier plan est dominé par une paire de colonnes rouges qui semblent flotter au-dessus du sol sous un éclairage carmin. Les taches rouges ne sont pas des masses solides, mais poreuses et brumeuses, et se révèlent et s’estompent dans les couches ocre en dessous d’elles – qui sont polies avec une lueur rougeâtre plus profonde. L’ocre est divisé par une ligne d’horizon d’un noir profond qui contraste avec les piliers de rouge et les fait paraître en flottement au-dessus d’un plan brisé. Cet équilibre entre le vertical et l’horizontal révèle un effet d’attirance et d’éloignement qui donne l’impression que toute la toile respire et se gonfle. Des lueurs de blanc et des crépitements de bleu émergent des profondeurs turbulentes pour éclater aux marges de l’œuvre, des éclairs de la sous-couche stratifiée de peinture, mis en relief par des clignotements électriques qui compensent et accentuent subtilement les tons plus chauds qui dominent le milieu de l’œuvre.

Rouges, bleus, jaunes, noirs, blancs… Ce sont des couleurs primaires, les teintes essentielles des pigments qui s’estompent les unes dans les autres et imprègnent l’œuvre d’une richesse élémentaire. La superposition de couches translucides et opaques produit une impression de profondeur et de complexité sensuelles, et l’œuvre semble scintiller d’un éclat intérieur primordial. Dans Untitled, McEwen démontre son habileté à créer des champs de couleurs viscéraux qui évoquent magistralement la sensualité d’une expérience visuelle.


Estimation : 60 000 $ - 80 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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