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LOT 023

AANFM ARCA OC QMG
1928 - 2021
Canadien

Reflet d'Eden
huile sur toile
signé et daté 1961 et au verso titré sur l’étiquette de la galerie et inscrit « ECP »
60 x 65 1/2 po, 152.4 x 166.4 cm

Estimation : 100 000 $ - 150 000 $ CAD

Vendu pour : 451 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Dorothy Cameron Gallery, Toronto
Collection privée, Toronto

BIBLIOGRAPHIE
Wanda Nanibush et Georgiana Uhlyarik, Rita Letendre: Fire & Light, Art Gallery of Ontario, 2017, page 20


Après avoir quitté l’École des beaux-arts de Montréal, Rita Letendre rencontre Paul-Émile Borduas par l’entremise de son collègue, l’artiste québécois Jean-Paul Mousseau. Elle est immédiatement séduite par la façon dont Borduas conçoit la peinture, soit une forme d’expression et de découverte de soi. Pour sa part, Borduas est lui aussi impressionné par le travail de Letendre et l’invite à participer à la dernière exposition des Automatistes en 1954. Après la dissolution du groupe, Letendre reprend l’idée de Borduas – l’acte de peindre comme affirmation – et elle poursuit son évolution durant les années 1950, confortablement installée entre les mouvements non figuratifs qui émergent à Montréal. Au cours de cette période, Letendre passera des figures géométriques inspirées de Borduas à des structures quasi-plasticiennes puis à des grilles denses et étroites, tout en conservant sa voix distincte caractérisée par un équilibre entre arrangements compositionnels ordonnés et improvisation lyrique, entre empâtements épais et couleurs lumineuses.

C’est en 1961 que Letendre entreprendra sa série de tableaux probablement la plus solide, qui absorbera son attention pendant les trois années suivantes. Dans les peintures qu’elle produit à cette époque, Letendre développe un langage abstrait exubérant et expressif, qui se distingue par des empâtements épais, des mouvements flous et de vastes éclairs de couleur qui se détachent des arrière-plans orageux. Ces œuvres conservent la cardinalité rugueuse de la grille – le jeu entre horizontalité et verticalité exprimé dans des formes calligraphiques centrales à travers des bandes turbulentes – qui a défini sa pratique antérieure, tout en préfigurant le dynamisme, la force et les effets de lumière pulsante des œuvres aux contours nets qu’elle peindra à la fin des années 1960.

Cette toile exceptionnelle a été peinte au cours d’une période charnière pour Letendre, juste avant un long séjour européen qui allait précipiter son virage vers l’abstraction pure, et elle représente un point culminant du développement de l’artiste. La peinture est appliquée en traits gestuels pour créer des volumes expansifs et lourds. Une croix noircie transperce un aplat vert foncé. Des flammes orangées et des étincelles blanches scintillent dans l’obscurité, tandis que des drapeaux bleus étincelants brillent à travers la surface en cascade. Il en émerge une impression générale chaotique, presque organique : des tremblements d’énergie émergent des conflits entre le vert et le noir, tandis que des éruptions volcaniques de couleurs plus vives jaillissent des fractures, créant une interaction urgente entre les énergies intérieures et extérieures. Le titre Reflet d’Éden n’évoque pas une image du paradis, mais peut-être son miroir tempétueux ou la collision bouillonnante des énergies primordiales à la création du monde.

Cette œuvre a été offerte par la Dorothy Cameron Gallery de Toronto et a été peinte un an avant la première exposition personnelle de Letendre à l’extérieur de Montréal, tenue à la galerie Cameron’s Here and Now à Toronto en 1962. Cameron a défendu de jeunes artistes inconnus de partout au Canada, avec un intérêt particulier pour les artistes de l’Ouest et du Québec. Au début des années 1960, Letendre s’intéresse davantage à ses origines autochtones, s’appuyant sur les encouragements de Borduas à utiliser la découverte de soi comme force de création. Tout au long de sa carrière, Letendre résiste aux interprétations réductrices lues à travers son identité de femme autochtone, se sentant contrainte par la façon dont son travail a été décrit à travers cette lentille. Wanda Nanibush propose un point de vue plus nuancé, notant que son héritage l’a influencée parce que « […] cela fait partie de son esprit, même si ce n’est pas tout ce qui entre dans son travail. Par exemple, Letendre soutient que son goût pour les contrastes saisissants entre les couleurs vives ou chaudes et les noirs austères trouve sa source dans son héritage abénaquis. » L’engagement de Letendre envers le processus de découverte de soi est évoqué dans ses expérimentations formelles et leurs résultats dynamiques et émotionnels. Dans une carrière marquée par un renouvellement constant, cette œuvre est un exemple phénoménal du travail de l’artiste pendant une période cruciale.

L’exposition Rita Letendre: Eternal Space a eu lieu au Carolyn Campagna Kleefeld Contemporary Art Museum de la California State University à Long Beach du 12 février au 26 mars 2022. Cette exposition concordait avec l’achèvement de la restauration de Sunforce, la vaste peinture murale réalisée par Letendre en 1965 à l’Université de Californie.


Estimation : 100 000 $ - 150 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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