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LOT 027

PC CC
1920 - 2013
Canadien

Coastal Figure
tempera émaillée sur panneau
signé et daté 1951 et au verso signé, titré et daté
25 1/4 x 55 po, 64.1 x 139.7 cm

Estimation : 650 000 $ - 850 000 $ CAD

Vendu pour : 1 561 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Collection privée, Toronto
Important Canadian Art, Sotheby’s, 6 mai 1991, lot 114
Collection privée, Ottawa
Important Canadian Art, Sotheby’s, 15 mai 1996, lot 225
Collection privée, Ontario
Beaux-arts canadiens, Maison de vente aux enchères Heffel, 17 juin 2009, lot 40
Acquis auprès du susmentionné par la Collection privée actuelle, Toronto

BIBLIOGRAPHIE
Helen Dow, The Art of Alex Colville, 1972, page 219
David Burnett, Colville, 1983, page 64, reproduit page 72, catalogue raisonné #28
Andrew Hunter, Alex Colville, 2014, reproduit page 53 et listé page 143

EXPOSITION
Art Gallery of Ontario, Toronto, Alex Colville, 23 août 2014 - 4 janvier 2015, en tournée en 2015 au Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa


Alex Colville fascine le public canadien et international depuis que son travail a gagné en popularité dans les années 1950. Comme personnage public, ses valeurs fièrement conservatrices allaient à l’encontre de l’image qu’on se faisait d’un artiste. Dans la vie privée, Colville était très semblable à son style discrètement énigmatique et parfois troublant. L’artiste a un pouvoir durable.

Coastal Figure incarne bon nombre des qualités qui confèrent de la puissance aux œuvres uniques de Colville. Peint en 1951 alors qu’il enseignait le travail d’atelier et l’histoire de l’art à l’Université Mount Allison de Sackville, au Nouveau-Brunswick, le tableau fait partie d’un groupe dont il était, pour la première fois, satisfait. Le raffinement de l’œuvre est manifeste. L’application divisionniste du pigment est réalisée avec assurance, et le sentiment d’appartenance à la côte Est du Canada et le nu féminin, un thème récurrent pour Colville. Il a eu sa première exposition personnelle au Canada en 1951, l’année de la création de ce tableau. Deux ans plus tard, il a exposé avec succès à New York.

Selon Colville, ’il y a « deux qualités essentielles pour un artiste : le sens de l’humilité et le sens du mystère ». Les deux sont présentes dans cette œuvre, même si Colville nous présente une scène de tous les jours, une scène que nous pouvons facilement comprendre, du moins au premier regard : une femme sur une plage regarde vers l’horizon. Colville valorise le quotidien, les rythmes de la vie de tous les jours, ces détails et ces habitudes qui, selon lui, nous définissent en tant qu’individus. Humble, il vénère la nature qui est selon lui beaucoup plus grande que l’être humain. Coastal Figure communique aussi, comme par magie, une aura de mystère, une étrangeté qui n’est pas menaçante, mais qu’on n’oublie pas facilement.

Bien que le paysage ici puisse sembler naturel, ses détails sont radicalement supprimés. Le rivage découpé en haut à gauche du tableau – une ligne qui répète les courbes du dos de la femme et l’intègre ainsi dans le tissu de la nature – est la plus simple des formes. Sa ligne de mire est continue avec l’horizon, fusionnant les deux. La plage et la femme sont presque de la même couleur et les deux sont rendues avec les petits coups de pinceau multicolores caractéristiques de Colville. Mais quelle est la forme dans l’eau au milieu du tableau à droite ? Elle semble reliée au genou droit de la baigneuse, mais semble se trouver derrière elle dans l’espace. Nous savons rationnellement qu’il doit s’agir d’une île à mi-distance, mais cette forme s’apparente tellement à la forme et à la texture de la femme qu’elle nous porte à réfléchir aux liens entre la nature, nous-mêmes et l’art qui rend ces liens apparents.

Colville est l’observateur accompli. Il est méthodique dans son travail, mesurant et équilibrant constamment les éléments dans la peinture. Le paradoxe de son œuvre – évident dans Coastal Figure – est que sa précision compulsive nous permet de voir ce qu’il ne peut pas présenter visuellement. Le nu au premier plan domine l’espace pictural, mais il est finalement éclipsé par la nature. Colville manipule et met ainsi en relation deux des thèmes dominants de l’art occidental : le paysage et le nu féminin. On semble reconnaître le lieu, mais le caractère générique du paysage pointe vers l’universel. Colville nous fait donc réfléchir au lien entre le local et le global. L’œuvre semble directe, voire innocente. Pourtant, elle fait écho non seulement aux nus sculpturaux et plus abstraits d’Henry Moore, mais aussi à l’immobilité de la peinture de la Renaissance italienne. La vision de Colville – comme la nôtre – est individuelle tout en étant prédéterminée par les normes de l’histoire de l’art.

Coastal Figure a été créé quelques années à peine après le retour de Colville de la Seconde Guerre mondiale. Il a déclaré : « À la fin de la guerre, je me suis posé la question : ?Qu’est-ce que cela signifie ?” Je me demandais non seulement de ce qu’il fallait penser, mais aussi de ce qu’il fallait faire. » C’est dans ce contexte général, dessiné par Colville au fil de ses lectures de la philosophie existentialiste d’Albert Camus et d’autres auteurs, que Coastal Figure émerge comme une œuvre profondément contemplative. La femme regarde pensivement la nature. En tant que catégorie - femme, nu, naturel - plutôt qu’en tant qu’individu, son regard est celui de l’art comme façon de voir. Colville se demande ce que l’art peut et doit faire.

Nous remercions Mark Cheetham, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Toronto et auteur de Alex Colville: The Observer Observed, d’avoir rédigé l’essai ci-dessus.


Estimation : 650 000 $ - 850 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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