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LOT 012

CC QMG RCA
1904 - 1990
Canadien

Le manteau de lapin
huile sur toile
signé et daté 1964 et au verso titré et étampé avec le tampon de la Galerie Agnès Lefort
21 7/8 x 17 po, 55.6 x 43.2 cm

Estimation : 100 000 $ - 150 000 $ CAD

Vendu pour : 229 250 $

Exposition à :

PROVENANCE
Galerie Agnès Lefort, Montréal
Collection privée, Toronto

BIBLIOGRAPHIE
Clare Bice, Le monde solitaire enchanté de Jean Paul Lemieux, Expositions rétrospectives Jean Paul Lemieux, 1966, dépliant de l’exposition
Expositions rétrospectives Jean Paul Lemieux, Art Gallery of London, 1966, répertorié, non paginé

EXPOSITION
Art Gallery of London, Expositions rétrospectives Jean Paul Lemieux, 1 - 26 février 1966, en tournée en 1966 à la Kitchener-Waterloo Art Gallery, catalogue #11


L’hiver a plusieurs visages dans l’œuvre de Jean Paul Lemieux. Il peut être réjouissant, paisible, grandiose et manifester aussi la solitude humaine, la tristesse, l’effroi. L’artiste disait qu’il y avait « sans doute une grandeur dans l’hiver, mais l’hiver est trop long dans notre pays. […] Et plus on vieillit, plus c’est long. L’hiver devient une catastrophe. » Dans le même élan, il ajoutait que « l’artiste a pour fonction de transformer la vie, comme Botticelli [qui] a peint dans sa Primavera un extraordinaire printemps, une sorte de saison idéale ».

Nous aimons voir Le manteau de lapin comme une allégorie des douceurs de la saison froide. Le visage d’une jeune femme aux traits suaves émanant de la blancheur nuancée de l’hiver invite à cette interprétation. Pupilles noires et humides fixées sur l’observateur, elle nous convoque avec la promesse avenante de son tendre sourire rose. On comprend que Lemieux ne boude pas l’évocation allégorique ou poétique de la charmante composition. Mais il n’a pas non plus choisi de s’en satisfaire comme en témoigne le titre du tableau, Le manteau de lapin, qui nous ramène sans équivoque dans la réalité de l’hiver canadien. Le peintre a recouvert le corps, le cou et la tête du personnage de la fourrure moelleuse. Celle-ci ne laisse paraître aucune forme organique sauf le visage et quelques mèches de sa chevelure sombre qui émergent des masses blanches et lumineuses du vêtement et de la toque. La texture de la fourrure, rendue par de petites touches lumineuses que le peintre a nerveusement appliquées au manteau et au chapeau, prolongent jusqu’à nous l’instantanéité de son action de peindre. Cet effet texturé crée une discrète animation de la surface, exclusive au personnage, dans le décor épuré de l’hiver. En cela, Le manteau de lapin constitue un bel exemple de la conception que Lemieux se fait de la peinture : avant tout un espace plan dans lequel il parvient à maximiser l’expression avec un minimum de formes et de couleurs.

En 1964, année où il peint Le manteau de lapin, Jean Paul Lemieux aura 60 ans. Il est à la veille de prendre sa retraite de l’École des beaux-arts de Québec après une carrière de plus de 25 ans dans l’enseignement. Son œuvre-phare, Le visiteur du soir, 1956 (coll. Musée des beaux-arts du Canada), allégorie de la mort et de la solitude dans le froid de l’hiver canadien, participe cette année-là à l’exposition Canadian Painting à la Tate Gallery de Londres . Les œuvres du peintre se font de plus en plus présentes sur le marché de l’art canadien, à la Roberts Gallery à Toronto, à la Galerie Zanettin à Québec, et aux galeries Denyse Delrue et Agnès Lefort à Montréal. Cette dernière galerie, acquise en 1961 par Mira Godard, accueille, en 1963 et en 1965, des expositions particulières du peintre de Québec qui lui attirent des critiques dithyrambiques et un succès de vente auprès de nombreux collectionneurs de la bourgeoisie montréalaise et torontoise. Le manteau de lapin figure au nombre des tableaux qui ont été vendus par la galerie Agnès Lefort à cette période. À l’exception d’un seul prêt à la première exposition rétrospective de l’artiste à London et à Kitchener en Ontario, en 1966, l’œuvre aura été jalousement conservée dans une même famille pendant près de six décennies.

Nous remercions Michèle Grandbois, auteure de Jean Paul Lemieux au Musée du Québec, d’avoir rédigé le texte ci-dessus. Cette œuvre sera incluse dans le prochain catalogue raisonné de Jean Paul Lemieux par Michèle Grandbois.

1. Entretien de Jean Paul Lemieux avec Guy Robert, été 1972, cité dans Guy Robert, Lemieux, Montréal, Les éditions internationales Alain Stanké, p. 185

2. London, Tate Gallery, Canadian painting, 1939-1963, une exposition organisée par le Musée des beaux-arts du Canada, 7 février - 22 mars 1964


Estimation : 100 000 $ - 150 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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