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LOT 123

ALC BCSFA CGP FCA G7 OSA RPS TPG
1885 - 1970
Canadien

Algoma / LSH 100
huile sur toile, circa 1950
au verso titré
41 3/4 x 51 po, 106 x 129.5 cm

Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Vendu pour : 541 250 $

Exposition à : Heffel Toronto – 13 avenue Hazelton

PROVENANCE
Collection de l’artiste
LSH Holdings Ltd., Vancouver
Succession de l’artiste
Par filiation à la famille Harris jusqu’à la collection privée actuelle, Vancouver

BIBLIOGRAPHIE
Peter Larisey, « A Portfolio of Landscapes by Lawren S. Harris », Bulletin du Musée des beaux-arts du Canada, no 23, 1974, croquis connexe illustré page 13
Jeremy Adamson, Lawren S. Harris: Urban Scenes and Wilderness Landscapes, 1906 - 1930, Art Gallery of Ontario, 1978, l’esquisse à l’huile de 1918 intitulée Algoma Woods I reproduite page 80 et répertoriée page 223
Peter Larisey, Light for a Cold Land: Lawren Harris’s Work and Life - An Interpretation, 1993, intitulé Algoma et daté de 1919, reproduit page 85

EXPOSITION
Art Gallery of Ontario, Toronto, Lawren S. Harris: Urban Scenes and Wilderness Landscapes, 1906 - 1930, 14 janvier - 26 février 1978, catalogue #58


La chaleur rayonne d’Algoma / LSH 100, une représentation lumineuse et émouvante d’une forêt du nord de l’Ontario, et cette chaleur confère à l’œuvre une qualité rare à la hauteur de la réflexion qu’elle suscite dans la carrière de Lawren Harris. Ce paysage à grande échelle a été peint vers 1950, époque où l’artiste était en pleine exploration de l’expressionnisme abstrait. Il peignait principalement des œuvres non objectives depuis plus d’une décennie. Fini les volumes clairement définis de son travail des années 1920, le calme dramatique des scènes sauvages qui résonnaient, solennelles et pensives, tandis que la lumière se déversait sur elles depuis des plans extérieurs éthérés. Ce paysage sylvestre est constellé de couleurs, comme s’il était illuminé de l’intérieur, et donne une illusion de vibration vivante, comme si la lumière filtrant à travers la forêt dansait sur la toile. Le tableau est poétique sans être précieux, et imprégné non seulement de la passion des esquisses originales, mais aussi de la contemplation et de la profondeur que les nombreuses années passées à explorer l’abstraction avaient données à l’artiste.

Au début des années 1930, Harris subit une transformation fondamentale, quittant Toronto pour les États-Unis et délaissant presque entièrement le paysage pour se lancer dans la peinture « d’idées qui se forment avec insistance et ne peuvent être exprimées en termes de représentation1 ». Harris évolue et change constamment de style, et ce virage vers l’abstraction prendra diverses formes, mais demeurera son principal objectif pour les trois dernières décennies de sa carrière. Harris réfléchit à l’avenir en abordant cette évolution dans sa correspondance avec Emily Carr en 1936 : « Je retournerai peut-être un jour à la peinture figurative. Je ne sais pas. Je ne peux pas le dire. À l’heure actuelle, je suis absorbé par la manière abstraite et la circulation des idées, et il semble qu’il faudra y consacrer le reste de mes jours pour les rattraper2. »

Bien que Harris ne reviendra jamais à l’esquisse de paysage (on connaît seulement deux croquis en plein air qu’il aurait réalisés au cours de toutes ses années passées à Vancouver, où il s’installe en 1940 après quelques années aux États-Unis), il commence enfin à revisiter sa peinture de paysage et à travailler d’anciens croquis sur panneaux pour réaliser de nouveaux tableaux. Algoma / LSH 100 est l’une de ces œuvres, basée sur une esquisse à l’huile sur panneau intitulée Wood Interior, Algoma (vendu par Sotheby’s Canada en 1987) qui a été probablement peinte en 1918 ou 1919 lors de l’un des célèbres voyages en train sur le chemin de fer Algoma Central qui a solidifié la formation du Groupe des Sept.

Lorsque Harris passe à l’abstraction, il réfléchit aux paysages qu’il laisse derrière lui, et c’est seulement grâce à sa femme Bess que de nombreuses esquisses à l’huile sur panneau, comme celle sur laquelle ce tableau est basé, ont été sauvées de la destruction au Studio Building à Toronto pour être transportées à Vancouver. Bon nombre resteront dans la propre collection de Bess jusqu’à sa mort et celle de son mari. Malgré l’importance que Harris accorde à l’abstraction vers la fin de sa vie, quelques croquis du passé ravivent manifestement son intérêt pour le paysage.

Ce tableau s’inspire de l’une des nombreuses pochades représentant l’intérieur d’une forêt qui représentent une transition dans les préoccupations de l’artiste pendant sa période Algoma, quittant les abords d’un bois pour transporter à la fois l’artiste et son public dans la lumière brillante de l’inconnu au creux de la forêt. Cette trajectoire, qui mènera aux œuvres expansives du lac Supérieur, prendra de l’importance après des décennies et donnera un aperçu de ce qui a attiré Harris vers ce sujet. En revenant à des scènes comme celle-ci, Harris revient à l’enthousiasme et à la camaraderie des voyages à Algoma, où lui et ses collègues artistes « […] travaillaient de l’aube à la tombée de la nuit, au soleil, par temps gris ou sous la pluie. Le soir, à la lueur de la lampe ou des bougies, chacun montrait aux autres les fruits de sa journée de travail3. » Ce magnifique tableau, qui révèle l’attachement de l’artiste pour ces moments stimulants de sa carrière, met en relief l’espoir qui devait les habiter, comme on le perçoit clairement ici dans la lueur invitante au loin qui attire à la fois le public et l’artiste plus profondément dans l’exploration du paysage canadien.

Nous remercions Alec Blair, directeur et chercheur principal, Lawren S. Harris Inventory Project, d’avoir rédigé l’essai ci-dessus.

1. Bess Harris et R.G.P. Colgrove (dir.), Lawren Harris, Toronto, Macmillan, 1969, p. 91 [traduction libre].

2. Lettre de Harris à Emily Carr, le 3 mai 1936, Emily Carr Papers, MS-2181, boîte 2, dossier 3, BC Archives, Victoria [traduction libre].

3. Lawren Harris, The Story of the Group of Seven, Toronto, Rous & Mann Press, 196


Estimation : 250 000 $ - 350 000 $ CAD

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens


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