Inventaire # G-E21283-004

OC
1927 - 2023
Canadien

Crocus (AC-019-86)
acrylique sur toile
au verso signé, titré, daté et inscrit
48 x 72 po, 121.9 x 182.9 cm

EXPOSE
Heffel Toronto, Qualities of Light: The Work of Dorothy Knowles, September 8 - 24, 2022


Dorothy Knowles : Changer l'histoire

Le Modernisme et la Peinture de paysage au Canada sont indissociables depuis que Tom Thomson et le Groupe des Sept ont décidé d’intégrer à leurs peintures la représentation d’espaces de plein air typiquement canadiens. L’histoire officielle raconte même que ce sont eux qui ont forgé l’art moderne canadien. Si l’on ajoute Emily Carr, David Milne et Goodridge Roberts à cette lignée, il est absolument impossible d’ignorer l’importance du paysage dans la peinture du XXe siècle au nord du 49ème parallèle.

Cependant, ce récit dépend en grande majorité d’images de l’Ontario, du Québec ainsi que de la Côte-Ouest. Les vastes étendus, la luminosité et les ciels étonnants des Prairies sont absents de cette histoire. Et la seule femme sur cette liste abrégée est Emily Carr.

Dorothy Knowles, résidente de Saskatoon et titulaire d’un baccalauréat de l'Université de la Saskatchewan, suit aussi des études à la Goldsmith School of Art de Londres. Elle a également énormément voyagée au Canada, aux États-Unis, en France et en Angleterre. Knowles s'est toujours consacrée à la représentation de son paysage natal, et ce depuis 1962, moment où elle participe à un atelier dirigé par Clément Greenberg au lac Emma. Les autres participants, presque tous des hommes, étaient des artistes abstraits, incluant son mari William Perehudoff. Knowles, elle, peignait vigoureusement et sans retenue des paysages de grands formats, aussi ambitieux et audacieux que ses collègues qui peignaient de l’abstraction (et de façon aussi direct que les études du Groupe des Sept).

Greenberg, champion de l’abstraction, était impressionné par ses efforts et l’a encouragé à suivre son instinct. (Il disait souvent que s’il avait « eu le choix », la meilleure peinture de son temps aurait été figurative, ainsi ces images libres et reconnaissables auraient résonné avec lui). Quelque chose de similaire se produisait parmi les artistes new-yorkais de la génération de Knowles. En effet, à la fin des années 50, alors que l’abstraction était jugée essentielle pour les artistes sérieux, les jeunes peintres tels qu’Alex Katz et Lois Dodd, qui avaient d’abord travaillé de manière abstraite, ont commencé à travailler à partir d’observation de la nature en étudiant le paysage du Maine alors qu’ils y passaient l’été.

Lors des six dernières décennies, Knowles a exploré les particularités de son environnement. Bien qu’elle ait voyagé à l’étranger pour peindre des paysages, ses points de départ les plus fréquents demeurent les vallées fluviales spectaculaires en bordure de son studio près de Saskatoon, la région près du chalet familial sur le lac Emma, ainsi que les vastes étendues de terres agricoles de la Saskatchewan parsemées de marécages réfléchissants, sous un ciel nuageux. Knowles est très sensible aux nuances des saisons, au temps de la journée et à la météo, adaptant ainsi sa palette et sa touche selon les qualités changeantes de la lumière et de la température. Aussi spécifiques qu’elles soient, ses aquarelles intimes et ses toiles audacieuses ne sont jamais littérales. Elles y suggèrent la complexité et la multiplicité du monde naturel; mais si nous sommes d’abord saisis par le sujet nominal, ce qui attire et mérite notre attention est le tableau en tant que tableau. Les rythmes de l’image, les grandes divisions de la composition, l’échelle des coups de pinceau ainsi que les changements de couleurs autant évocatrices qu’inattendues nous interpellent.

Knowles n’a jamais eu une seule façon de peindre. Elle peut appliquer une couche épaisse de peinture avec de généreux coups de peinture ou bien fragmenter une scène avec des touches délicates s’inspirant des taches modulées de couleur transparente de Paul Cézanne. Qu’elle travaille sur toile ou sur papier, elle transforme son médium en une métaphore puissante de l’expérience. Tout en restant fidèle à sa perception des lieux, elle suit les exigences de la peinture avec autant de sensibilité et de détermination que les peintres abstraits. En invoquant les prairies comme inspiration pour son art, elle a changé l’histoire des paysages dans la peinture canadienne et comme peintre et femme, elle a exercé une influence sur une génération de jeunes artistes. Si Dorothy Knowles était japonaise, elle serait certifiée comme un trésor national vivant.



Karen Wilkin

New York, juillet 2022

Prix: 46 000 $ CAD

Exposition à: Heffel Toronto – 135 avenue Yorkville

Tous les prix affichés sont en dollars canadiens.


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